Colloque sur la traduction
Thread poster: Jean-Marie Le Ray
Jean-Marie Le Ray
Jean-Marie Le Ray  Identity Verified
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Aug 30, 2003

Salut à toutes et à tous,

J'en reviens à la préparation de ma "contribution" (ce terme fait-il aussi partie des mots-maux ? Oui, définitivement...) pour poser une autre question, puisque le champ de l'intervention s'est quelque peu élargi, et que je devrai dire quelques mots sur ce que signifie être traducteur professionnel.
J'ai bien pensé citer René :

TTV wrote:

Bon moi, je travaille dans le noir et j'aime ça. Je suis dans une pièce de 3m sur 3, avec une seule ouverture, grillagée. Mais la lumière du soleil me gênait, alors j'ai mis une couverture. Le mobilier est spartiate, mais ça favorise la concentration. Il y a une table, une chaise, une étagère et un lit.

De toute façon j'avais pas le choix: quand je suis rentré ici, on m'a dit: le travail c'est la Santé. Et puis, le plus dur est derrière moi: j'ai déjà fait 25 ans, il m'en reste à peine 20 à tirer.


mais je me suis dis que ça aller peut-être décourager les meilleures volontés.

Trêve de plaisanterie ! je suis intéressé a priori par tous les avis, mais j'aimerais en particulier avoir l'opinion de celles et ceux qui ont fait des études de traduction avant de faire le grand saut, et comment s'est passée la prise de contact avec l'univers de la "traduction professionnelle" (c'est comme je pensais, c'est mieux, c'est pire, c'est plein de surprises, etc.)
N'ayant moi-même jamais fait d'études, je n'ai aucune expérience personnelle de ce côté-là.
En espérant que le sujet vous branchera un peu plus que les faux-amis italien-français.
Ciao, Jean-Marie


 
Sylvain Leray
Sylvain Leray  Identity Verified
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yep Aug 30, 2003

victorhugo wrote:

j'aimerais en particulier avoir l'opinion de celles et ceux qui ont fait des études de traduction avant de faire le grand saut, et comment s'est passée la prise de contact avec l'univers de la "traduction professionnelle" (c'est comme je pensais, c'est mieux, c'est pire, c'est plein de surprises, etc.)


Bon, ben je m'y colle alors

Très vite, car j'ai du lait sur le feu :

J'ai suivi un DESS de traduction que je considère comme très bon, car la plupart des intervenants étaient des traducteurs professionnels (indépendants pour la plupart, mais pas forcément) qui nous ont tous parlé avec plaisir de leur métier, et répondu à nos questions de jeunes loups avides de renseignements sur les tarifs et autres topics essentiels (comment on se lance, comment se passent les premiers mois/années, d'où vient la clientèle etc.)

Les DESS sont forcément suivis d'un stage en entreprise, qui est pour de nombreux étudiants la porte ouverte à un premier emploi salarié (j'en connais pas mal qui sont encore dans la boîte où ils ont fait leur stage). Le stage permet en tout cas d'établir des premiers contacts professionnels, ce qui est primordial.

Pour ma part, il ne m'a servi à rien, mais j'ai eu la chance de trouver immédiatement un job salarié qui m'a vraiment lancé et confirmé que c'était vraiment le métier que je voulais faire.

L'idée de me mettre à mon compte a toujours été bien ancrée dans ma tête, je n'attendais qu'un peu d'expérience avant de me lancer, ce que j'ai fait un peu plus tôt que prévu. A vrai dire, c'est exactement ce à quoi je m'attendais : des conditions de travail agréables pour un métier difficile et exigeant mais toujours passionnant, bref, tous les témoignages que j'avais reçus sont là, concentrés dans mon petit bureau (avec fenêtre).

J'espère avoir répondu à ta question, je reviendrai peut-être faire un tour quand j'aurai plus de temps.

Sylvain.

[Edited at 2003-08-30 14:42]

[Edited at 2003-08-31 13:42]


 
Jean-Marie Le Ray
Jean-Marie Le Ray  Identity Verified
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Etre optimiste ou pessimiste, that is the question ?! Aug 30, 2003

Sylvain Leray wrote:

...A vrai dire, c'est exactement ce à quoi je m'attendais : des conditions de travail agréables pour un métier difficle et exigeant mais toujours passionnant, bref, tous les témoignages que j'avais reçus sont là, concentrés dans mon petit bureau (avec fenêtre)...

Sylvain.


Merci Sylvain de m'avoir répondu, et j'espère que tu y reviendras pour approfondir quand t'auras plus de temps.

Quand tu dis: « ...la plupart des intervenants étaient des traducteurs professionnels (indépendants pour la plupart, mais pas forcément) qui nous ont tous parlé avec plaisir de leur métier, et répondu à nos questions de jeunes loups avides de renseignements sur les tarifs et autres topics essentiels...) », ça me touche particulièrement mais je me demande sincèrement si je serais encore capable de « parler avec plaisir de mon métier ».
Je ne suis absolument pas pessimiste de nature, mais je dois dire que j'ai un peu la nausée de ce métier que j'ai voulu faire à tout prix (j'ai même abandonné délibérément un poste de prof de français titulaire dans l'école publique italienne pour me consacrer définitivement à mon "agence"), juste parce que je sentais que j'avais la traduction chevillée au corps.
Au fond de moi, je suis véritablement passionné par la traduction, et, lato sensu, par tout ce qui concerne l'écriture. Mais après avoir fait mes premières trad en 1986 et après 15 ans d'agence, je dois dire que j'en suis revenu.
Par ailleurs ce n'est pas le métier que j'aime pas, au contraire, ce sont les conditions de travail auxquelles nous sommes contraints que je supporte de plus en plus difficilement (le fameux carcan coûts-délais-qualité) et la non-reconnaissance chronique par tous les intervenants du secteur (traducteurs compris, en passant par les agences et les clients...) de ce que signifie véritablement être un(e) professionnel(le) de la traduction et tout ce qu'il y a (devrait y avoir) derrière la livraison d'une traduction dans "les règles de l'art".
Quant au nivellement par le bas que je vois un peu partout sur Internet, ça ne me laisse pas trop bien augurer de l'avenir...
Ça me rappelle vaguement l'histoire du pessimiste et de l'optimiste :

Le pessimiste :
- « La situation est vraiment grave ! »
L'optimiste :
- « Mais non, ça pourrait être bien pire... »

ou un truc dans ce genre.
Mais est-ce être pessimiste ou est-ce seulement un simple constat objectif des faits, là est la question ?!

Ciao, Jean-Marie



[Edited at 2003-08-31 13:58]


 
ALAIN COTE (X)
ALAIN COTE (X)  Identity Verified
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Optimiste, pessimiste, ou juste quelqu'un qui persiste Sep 2, 2003

Quelques commentaires, cher Victoooor, pour alimenter cette intéressante discussion, au risque d'être hors contexte encore une fois.

Optimiste : Les jours où je me dis que mes clients ont besoin de moi puisque les traducteurs francophones sont relativement rares en Asie.

Pessimiste : Les jours où je me dis que mes clients vont un jour comprendre qu'ils peuvent trouver aussi bien (ou mieux) et moins cher sur la Toile.

Optimiste : Les jours où je pense �
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Quelques commentaires, cher Victoooor, pour alimenter cette intéressante discussion, au risque d'être hors contexte encore une fois.

Optimiste : Les jours où je me dis que mes clients ont besoin de moi puisque les traducteurs francophones sont relativement rares en Asie.

Pessimiste : Les jours où je me dis que mes clients vont un jour comprendre qu'ils peuvent trouver aussi bien (ou mieux) et moins cher sur la Toile.

Optimiste : Les jours où je pense à tous ces gens qui, parmi nous, connaissent plus d'un pays grâce à l'exercice de cette profession.

Pessimiste : Les jours où je me dis que le grand séisme qui menace la région de Tokyo arrivera forcément un jour, et que je perdrai alors tous mes clients. Je risque également de me perdre moi-même, si le toit me tombe sur la tête. (Nous avons eu droit à un documentaire sur la question samedi dernier à la télé, pour "célébrer" le 80e anniversaire du séisme précédent, et les prévisions sont tout simplement catastrophiques à tous les points de vue.)

Optimiste : Les jours où je me dis que je suis libre de changer de ville, de province/préfecture ou de pays quand j'en aurai ras le bol.

Pessimiste : Les jours où je pense à toutes ces hordes d'agences et de clients qui se montent des mémoires de traduction avec mes textes et les tripotent dans mon dos, pour se passer le plus possible de mes services par la suite.

Optimiste : Quand je songe à toute la complexité de la communication humaine, grâce à laquelle je sais bien (ou veut croire) que mes clients constateront un jour que leurs mémoires de traduction ne sont que des ramassis de mots sans articulations (sociales et culturelles).

Heureux d'être traducteur ? Ni heureux, ni malheureux. Je suis traducteur comme Pierre-Jean-Jacques est fermier, plombier ou horloger, et je me dis comme lui que plus je vieillis, moins je peux faire marche arrière et changer de profession. Alors je persiste, c'est tout, mais certainement pas par amour de la traduction. Plutôt parce que c'est un des rares trucs que je peux faire avec une certaine compétence et parce que ça me donne les moyens de faire autre chose quand je ferme le PC ou d'utiliser le PC pour faire autre chose, avec le sourire autant que possible.

Voilà Jean-Marie. J'espère que tu auras d'autres commentaires, c'est un sujet qui mérite d'être approfondi.

Alain

Ajout :

Déçu : Quand je reçois un courriel de PrrrroZ et constate que c'est juste mon dernier commentaire dans un fil de discussion.

[Edited at 2003-09-02 04:19]
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Jean-Marie Le Ray
Jean-Marie Le Ray  Identity Verified
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Le juste milieu Sep 2, 2003

ALAIN COTE wrote:

Quelques commentaires ... au risque d'être hors contexte encore une fois.

Heureux d'être traducteur ? Ni heureux, ni malheureux. Je suis traducteur comme Pierre-Jean-Jacques est fermier, plombier ou horloger, et je me dis comme lui que plus je vieillis, moins je peux faire marche arrière et changer de profession. Alors je persiste, c'est tout, mais certainement pas par amour de la traduction. Plutôt parce que c'est un des rares trucs que je peux faire avec une certaine compétence et parce que ça me donne les moyens de faire autre chose quand je ferme le PC ou d'utiliser le PC pour faire autre chose, avec le sourire autant que possible.

Voilà Jean-Marie. J'espère que tu auras d'autres commentaires, c'est un sujet qui mérite d'être approfondi.

Alain



Alain et Sylvain, je ne vois vraiment pas en quoi vous seriez hors sujet !

Alain, quant à ta description de l'alternance entre les phases d'optimisme et de pessimisme, elle est parfaite, je crois que c'est un truc que nous connaissons tous bien, nous, les cyclothymiques de la traduction !

Quand je pense à comment présenter le point de vue d'un professionnel (moi, en l'occurrence, même si je souhaite trouver l'approche la plus objective possible) sur la traduction, je me dis que la seule chose à faire, tant par honnêteté intellectuelle que par conviction, c'est de trouver le juste milieu entre optimisme béat et pessimisme exacerbé, aussi injustifiés l'un que l'autre, pour présenter la réalité telle qu'elle est, c'est-à-dire telle que nous la vivons au quotidien.

Je pense à ces questions pratiquement depuis que je traduis, en y étant confronté à chaque instant, mais c'est la première fois que je me trouve dans l'obligation de mettre par écrit les pour et les contre, en assaisonnant le tout d'une bonne dose de tact (pour reprendre le leitmotiv du récent fil de Geneviève), afin de réunir et formaliser les mille morceaux du puzzle éparpillés.

Je suis sûr d'y arriver (enfin, j'espère, l'avenir me le dira), mais j'aime bien avoir l'opinion des collègues, car, comme nous le savons tous, chaque traductrice/traducteur est un monde à soi, et à part...

Ce qui est véritablement une richesse !

Ciao, Jean-Marie



[Edited at 2003-09-02 12:42]


 
Sylvain Leray
Sylvain Leray  Identity Verified
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Approfondir ? Sep 2, 2003

ALAIN COTE a écrit :


Déçu : Quand je reçois un courriel de PrrrroZ et constate que c'est juste mon dernier commentaire dans un fil de discussion.


En voilà un qui n'est pas de toi.


Bonjour,
Merci Alain pour tes énumérations à la Pérec, qui reflètent assez bien les petits et gros tracas de notre métier.

Pour reprendre la question de Jean-Marie, et pour tempérer mes propos de la dernière fois, je précise que cela ne fait qu'un an que je suis à mon compte, et je me doute bien que mon enthousisame des débuts déclinera avec le temps, sans vouloir être pessimiste.

Je suis apparemment le seul à avoir fait des études ou bien ceux qui en ont fait ne veulent pas en parler. J'aurais moi aussi aimé avoir d'autres avis.

Pour ma part, je trouve très bien que les études de traduction soient devenues plus accessibles par le biais des DESS autres que ESIT/ISIT (pour les français de France), mais il faut tout de même faire attention à là où on met les pieds.
Sous des intitulés et des programmes très sérieux, certaines universités proposent en fait 6 mois de farniente payants suivis de 6 mois de stage non rémunéré.
Ce que je veux dire, c'est qu'un étudiant fraichement diplômé d'un DESS n'est pas forcément armé pour le métier dès qu'il a son petit papier.

Je m'estime heureux d'avoir suivi un DESS qui m'ait apporté à la fois de bonnes bases pour le travail de traduction proprement dit (un peu de théorie, beaucoup de pratique, conseils de traducteurs professionnels pour la traduction au quotidien, des petites choses qui me paraissent maintenant naturelles mais que j'aurais mis peut-être des années à mettre en pratique), mais aussi au niveau des conditions de travail et du "milieu" de la traduction, comme je l'ai dit dans mon premier message.

Optimiste oui, pour l'instant, mais comme Jean-Marie et Alain le soulignent, il est effectivement inquiétant de voir le travail de sape entrepris par certaines agences, même si pour ma part je n'y ai jamais été confronté.
Optimiste parce que les agences pour lesquelles je travaille sont honnêtes, me paient bien, sont agréables et sympathiques, et me donnent suffisamment de travail pour que je m'en sorte bien. Je touche du bois pour que ça continue.
Même si les délais sont serrés, que je travaille le week-end et que je suis souvent très fatigué, anxieux ou stressé, dans le doute ou abattu. Je le savais à l'avance, je l'ai voulu, si j'ai signé c'est pour en baver !


Mais je ne sais pas ce que tu voulais exactement savoir, Jean-Marie, et je crains d'être un peu "off topic". Quelle était la question ?

Bonne journée,
Sylvain (qui ne devrait pas être là à vous tenir la jambe).

[Edited at 2003-09-02 07:44]


 
Nicolette Ri (X)
Nicolette Ri (X)
Local time: 23:58
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Non, pas le seul Sep 9, 2003

Sylvain Leray wrote:

Je suis apparemment le seul à avoir fait des études ou bien ceux qui en ont fait ne veulent pas en parler. J'aurais moi aussi aimé avoir d'autres avis.

Pour ma part, je trouve très bien que les études de traduction soient devenues plus accessibles par le biais des DESS autres que ESIT/ISIT (pour les français de France), mais il faut tout de même faire attention à là où on met les pieds.
Sous des intitulés et des programmes très sérieux, certaines universités proposent en fait 6 mois de farniente payants suivis de 6 mois de stage non rémunéré.
Ce que je veux dire, c'est qu'un étudiant fraichement diplômé d'un DESS n'est pas forcément armé pour le métier dès qu'il a son petit papier.


Mais non, il y en a, mais pas beaucoup. Il suffit en effet de tomber sur des choses comme http://www.proz.com/job/42611 pour être définitivement dégoûté de ce site. On n'a pas été formés à cela.

C'est où, les formations de six mois de farniente payants avec stage à la clé ? Mince alors, j'ai perdu mon temps. J'ai suivi une formation traditionnelle : licence (pas de LEA mais de psycho), ESIT, puis traductrice indépendante. Enfin, pas si traditionnelle que ça car c'était en plus de mon boulot à plein temps et en ne suivant que la moitié des cours mais avec un travail personnel important, et du point de vue fatigue j'en ai bavé. J'ai appris des choses extrêmement difficiles et une méthode de travail qui théoriquement peut s'appliquer à tout, mais c'était une formation générale et non technique, et le résultat est que je ne sais pas faire des traductions techniques ni médicales, que je n'ose pas faire des traductions juridiques et que je me retrouve donc dans la plupart des cas avec des textes généraux ou marketing sur toutes sortes de produits d'exportation, allant des cosmétiques au tourisme. Ce qui me fait dire qu'il vaut mieux être juriste ou médecin d'abord et faire de la traduction ensuite que l'inverse, et qu'en tout cas la vraie spécialisation doit se faire ailleurs.

Bonne journée !


 
Jean-Marie Le Ray
Jean-Marie Le Ray  Identity Verified
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Où l'on reparle de Laval... Sep 14, 2003

JLDSF wrote:

Ça c'est pour Jean-Marie Hugo...pour son colloque, je veux dire :


Faudrait pas oublier les traducteurs qui ont jamais été à l'université. Y sont faciles à reconnaître, ils remplacent les affaires techniques par des affaires sur le sexe.


JL


Voilà donc. J'y suis allé, j'ai parlé, je suis rentré !

Ça s'est passé à Rennes 2, Universités d'été et d'automne, sous la direction de M. Daniel Gouadec, intitulé cette année :

COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LA TRADUCTION
TRADUCTION ET FRANCOPHONIES - TRADUIRE EN FRANCOPHONIE

Si ça intéresse encore quelqu'un, le titre de mon intervention était :

Pour une nouvelle pratique contrastive de la traduction technique professionnelle

et je peux vous l'envoyer contre un courriel à [email protected] (c'est pas cher payé, vous en conviendrez !)

Quoi qu'il en soit, je persiste et je signe, j'espère quand même que, contrairement aux différents fils lancés ici et là pour recueillir des avis, il y aura quelques bonnes âmes pour me lire et me donner leur avis. Mais enfin, bon, c'est à vous de voir, je veux forcer personne.

Ciao, Jean-Marie

P.S. Où l'on reparle de Laval, car, comme chacun sait, cette aimable ville se trouve sur le trajet entre Paris et Rennes, et le TGV y a donc fait escale. J'y ai senti quelques picotements dans le dos, mais cette fois, pour celles et ceux qui ont suivi mes précédentes pérégrinations, je ne suis pas tombé du train (faut dire que j'étais solidement accroché aux caténaires !)...


 
René VINCHON (X)
René VINCHON (X)  Identity Verified
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"Pauvre funambule écartelé entre les tensions de l'offre et de la demande" / LIBERTE Sep 16, 2003

Voilà, j'ai lu toute l'intervention de VH alias JM.


Au-delà de l'exercice que je trouve remarquable (pas de l'avoir lu +:), mais d'avoir rédigé cette intervention), j'ai du mal à dire ce que j'en pense. Mais Jean-Marie me l'ayant demandé, je m'exécute!

Je suis mal placé pour le faire, car je suis dans ce métier un autodidacte. Je n'en suis ni fier, ni honteux, c'est juste un fait.

D'un côté donc, je trouve cette contribution remarquable ca
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Voilà, j'ai lu toute l'intervention de VH alias JM.


Au-delà de l'exercice que je trouve remarquable (pas de l'avoir lu +:), mais d'avoir rédigé cette intervention), j'ai du mal à dire ce que j'en pense. Mais Jean-Marie me l'ayant demandé, je m'exécute!

Je suis mal placé pour le faire, car je suis dans ce métier un autodidacte. Je n'en suis ni fier, ni honteux, c'est juste un fait.

D'un côté donc, je trouve cette contribution remarquable car elle décrit bien tous les problèmes et enjeux de ce métier.

De l'autre, cette façon de "rationaliser" ne me plaît pas trop. Je la "range" un peu avec la volonté forcenée "d'informatiser"(cf. autre topic).

Je viens d'une autre époque, où il n'y avait ni PC, ni TM, ni MT (sauf pour les gros projets), ni tout un tas de choses qui finalement, nous détournent de l'acte de traduire. J'ai connu des gens capables de dicter 100 pages en une journée d'une qualité excellente, supérieure à celle de 90 TM actuelles sur 100, puis de jouer aux fléchettes sur le mur du bureau...

J'ai longtemps pensé que, du point de vue du traducteur, le mieux serait d'obtenir un "statut" de la profession. Mais maintenant, je me demande si cela ne serait pas qu'une tentative de rationalisation de plus.

En fait, le seul intérêt véritable de ce métier, c'est la LIBERTE. Mais la liberté se paye "cash", ce n'est pas nouveau et ça continuera comme ça. Donc, je suis assez "cyclotymique de la traduction", comme le disait Alain ou d'ailleurs JM. Certains jours, "pauvre funambule ...", d'autres "libre, indépendant et en jouissant totalement". Car après tout, tout ce qu'on me demande, c'est de bien traduire, et on me le demande poliment, et en plus on me paye pour ça. Finalement, c'est pas la mer à boire +:)

J'espère JM que cette réaction ne te décevra pas trop, mais j'en suis incapable d'une autre. En tout cas, je te félicite à nouveau pour ce travail remarquable et exhaustif, qui a le mérite de s'adresser à la fois aux théoriciens et aux praticiens "de base" (dont je fais partie), ce qui n'est pas fréquent et mérite d'être souligné.





[Edited at 2003-09-16 18:10]
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Jean-Marie Le Ray
Jean-Marie Le Ray  Identity Verified
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Le seul intérêt véritable de ce métier, c'est la LIBERTE... Sep 16, 2003

TTV wrote:

...J'espère JM que cette réaction ne te décevra pas trop, mais j'en suis incapable d'une autre...



René,

Je ne suis pas du tout déçu, et je ne vois d'ailleurs pas pourquoi je devrais être déçu.

Outre la liberté (il y aurait vraiment beaucoup à débattre juste autour de ce mot, ou thème, ou concept, ou comme chacun voudra le définir...), une autre richesse de ce métier c'est que chaque traductrice/traducteur est un monde à part et se fait une idée extrêmement personnelle de la profession et des conditions de son exercice.

Donc, ce qui vaut pour moi ne vaut pas forcément pour toi ou elle ou lui, et réciproquement.

J'ai juste essayé de dégager - le plus objectivement possible - quelles sont les grandes orientations qui se dessinent, tout en décrivant du mieux que je pouvais (c'est-à-dire en voulant à tout prix ne pas donner une image trop négative) certaines frustrations que je vis au quotidien et qui ne sont - toujours d'après moi - jamais prises en compte par les "théoriciens" de la traduction lorsqu'ils en parlent.

C'est d'ailleurs pour ça que je souhaiterais avoir l'avis des "praticiens" que nous sommes, sûrement pas pour nous "prendre la tête" ou pour "nous regarder le nombril", mais parce que je pense qu'une réflexion sur le métier que nous faisons ne peut être que salutaire.

D'autant plus que chacun la fait déjà pour son compte, de façon plus ou moins approfondie, certes, mais alors pourquoi ne pas la partager ?

Quand tu dis : "Je suis mal placé pour le faire, car je suis dans ce métier un autodidacte. Je n'en suis ni fier, ni honteux, c'est juste un fait.", je ne suis pas mieux placé que toi, je n'ai aucun diplôme (si ce n'est le BEPC) et je n'ai jamais fait d'études de quoi que ce soit.

Or là n'est pas la question : le fait est, comme tu dis, que je suis traducteur, et je m'interroge donc sur ce qui ne va pas et sur ce qui pourrait peut-être se faire pour améliorer les choses.

Par conséquent, plutôt que de considérer ma tentative comme une volonté forcenée de "rationaliser", je préfère la voir comme une volonté de faire le point pour mieux continuer, quand je pense (comme tu l'écrivais quelque part), "plus que 25 ans à tirer". Du reste, s'il n'y avait pas une réflexion qui sous-tend mon activité, alors ce serait comme le travail à la chaîne, et tous les matins je n'aurais plus qu'à me dire "aujourd'hui y'a usine !"

J'ai d'autres trucs à dire, mais je le ferai une autre fois, à tête reposée.

Merci de ta réponse, et j'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres.

Ciao, Jean-Marie


 
Sylvain Leray
Sylvain Leray  Identity Verified
Local time: 23:58
Member (2003)
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Très vite Sep 17, 2003

Bonjour,

Merci Victor-Marie Ray alias Jean le Hugo

Je rejoins René dans ses propos pour te féliciter de la "tentative d'épuisement" (Pérec, encore ) du métier de traducteur.

J'ai eu un peu peur au début de ton intervention, car je n'aime pas trop théoriser sur la traduction, mais je me suis vite repris dès que tu y abord
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Bonjour,

Merci Victor-Marie Ray alias Jean le Hugo

Je rejoins René dans ses propos pour te féliciter de la "tentative d'épuisement" (Pérec, encore ) du métier de traducteur.

J'ai eu un peu peur au début de ton intervention, car je n'aime pas trop théoriser sur la traduction, mais je me suis vite repris dès que tu y abordes concrètement les aspects de la profession.

Je ne peux pas encore juger vraiment sur pièces (je pense que je commencerai à y voir clair au bout de 3 ans d'activité au moins), mais ce que tu écris me paraît synthétiser à merveille tout ce que l'on peut lire ici et là sur les forums de Proz, et correspond en grande partie à "ma" réalité quotidienne en tout cas.
Dire que "tout ça" se résume à un simple triangle !!
Notre liberté se situe donc dans les limites de ce triangle... liberté de choisir son lieu de travail, pour les horaires c'est déjà un peu plus limité, ne parlons pas de la liberté de choisir ses clients, en tout cas pas les premières années...
Une liberté toute relative, comme le souligne d'ailleurs l'administration en parlant de "travailleur indépendant". Ces deux termes (presque un oxymore !) côte à côte signifient : vous avez beau être indépendant, vous êtes d'abord travailleur, et travailler, c'est s'adapter à un marché, donc se soumettre à des règles.
Donc, la seule dénomination de notre statut nous dit "vous n'êtes pas si libre que ce que vous pensez" !

Réflexion un peu vaseuse pour une matinée ensommeillée...

Bravo Jean-Marie et bonne journée à tous !

Sylvain

[Edited at 2003-09-17 07:12]
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Nicolette Ri (X)
Nicolette Ri (X)
Local time: 23:58
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+ ...
Merci pour ce papier Sep 17, 2003

que je lirai un peu mieux quand j'aurai fini le travail en cours. Je n'aime pas trop la théorie sur la traduction et je laisse cela volontiers à d'autres, surtout parce que la traduction n'est pas pour moi un processus conscient. J'avale tout simplement une grande quantité d'informations puis j'essaie de restituer le texte source dans ma langue. Et il y a un va-et-vient constant entre le texte source, la doc et le texte cible et je bricole jusqu'au moment où j'obtiens quelque chose qui tienn... See more
que je lirai un peu mieux quand j'aurai fini le travail en cours. Je n'aime pas trop la théorie sur la traduction et je laisse cela volontiers à d'autres, surtout parce que la traduction n'est pas pour moi un processus conscient. J'avale tout simplement une grande quantité d'informations puis j'essaie de restituer le texte source dans ma langue. Et il y a un va-et-vient constant entre le texte source, la doc et le texte cible et je bricole jusqu'au moment où j'obtiens quelque chose qui tienne la route. Mais bon, je ne crois pas que ma formation, que j'ai faite un peu par hasard parce que mon patron m'avait lancé un défi, ait eu une grande influence là-dessus, je le faisais déjà avant. Puis, pour rassurer René, vis-à-vis d'une nouvelle traduction ou d'un nouveau sujet on est tous débutant puis autodidacte.Collapse


 
Marie-Pierre GERARD
Marie-Pierre GERARD  Identity Verified
Local time: 23:58
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Je rejoins Sylvain ... Sep 18, 2003

...pour dire que ton papier résume bien ce qui semble être la règle du métier et que tu as très bien décrit dans "ce qui se fait". Au moins autant que je puisse en juger car je n'ai pas non plus une grosse ancienneté.
Je voulais juste souligner quelques points qui me paraissent importants :
Le facteur temps et c'est là où je crois qu'il y a une différence marquée entre les nouveaux et les anciens : pour obtenir une même qualité, il me semble qu'il faut plus de temps à u
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...pour dire que ton papier résume bien ce qui semble être la règle du métier et que tu as très bien décrit dans "ce qui se fait". Au moins autant que je puisse en juger car je n'ai pas non plus une grosse ancienneté.
Je voulais juste souligner quelques points qui me paraissent importants :
Le facteur temps et c'est là où je crois qu'il y a une différence marquée entre les nouveaux et les anciens : pour obtenir une même qualité, il me semble qu'il faut plus de temps à un jeune dans le métier.
D'autre part, tu soulignes à un moment l'intérêt qu'il y aurait à envisager un travail en équipe et là je te suis complètement car c'est ce que j'ai souvent la chance de pratiquer et c'est très enrichissant et là j'insisterai sur l'importance de la relecture par une personne extérieure (évidemment quand le facteur temps ne s'en mèle pas).
Je n'ai pas non plus suivi de formation de traducteur (5 ans de médecine et une maîtrise de linguistique en anglais) mais je suis très intéressée par la théorisation de la traduction surtout quand elle est faite par un traducteur qui "colle "de façon partique à la réalité.
merci beaucoup pour cette contribution
Marie-Pierre
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