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Off topic: Bravo!!
Thread poster: Bruno Magne
Frédérique Bath M'Wom
Frédérique Bath M'Wom
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Interprétation Jul 13, 2006

"L’expression « sang impur » est parfois mal interprétée. Il ne s’agit nullement ici d’une connotation raciste faisant référence à du sang étranger. Le « sang impur » de la Marseillaise, c’est le sang de ceux qui sont tombés pour défendre la Liberté, l'Egalité, les « Droits de l'Homme »... C'est le sang de ceux qui ne prétendent pas aux privilèges en raison de leur ascendance, contrairement à ceux qui prétendaient avoir le « sang bleu» (les nobles symbolisaient le c... See more
"L’expression « sang impur » est parfois mal interprétée. Il ne s’agit nullement ici d’une connotation raciste faisant référence à du sang étranger. Le « sang impur » de la Marseillaise, c’est le sang de ceux qui sont tombés pour défendre la Liberté, l'Egalité, les « Droits de l'Homme »... C'est le sang de ceux qui ne prétendent pas aux privilèges en raison de leur ascendance, contrairement à ceux qui prétendaient avoir le « sang bleu» (les nobles symbolisaient le caractère inégalitaire de l’Ancien Régime)."

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Marseillaise

http://www.elysee.fr/elysee/francais/les_symboles_de_la_republique/la_marseillaise/la_marseillaise.21106.html [/quote]

C'est la première fois que j'entends une telle interprétation de "sang impur", peut-être est-ce dû à mon ignorance. Pour moi, il s'agit bien du "sang impur" des ennemis. A l'époque, il ne s'agissait pas de racisme, mais plutôt de xénophobie puisque l'ennemi était européen et donc blanc. Mais aujoud'hui ce texte a bien, pour moi, cette connotation plus que dérangeante.
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Ivana de Sousa Santos
Ivana de Sousa Santos  Identity Verified
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Football et hymne Jul 13, 2006

J'ai suivi ce fil depuis le début et je dois dire que dans le cas portugais, c'est le football et notre merveilleuse équipe qui nous a fait être fiers d'être portugais et de chanter notre hymne "La portugaise" (c'est une opinion générale).

Je ne comprends pas pourquoi les joueurs ne chantent pas l'hymne de leur pays. Il y a quelques années je me disais la même chose quant aux joueurs portugais et dernièrement on les voit chanter l'hymne, y compris Déco qui est brésilien e
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J'ai suivi ce fil depuis le début et je dois dire que dans le cas portugais, c'est le football et notre merveilleuse équipe qui nous a fait être fiers d'être portugais et de chanter notre hymne "La portugaise" (c'est une opinion générale).

Je ne comprends pas pourquoi les joueurs ne chantent pas l'hymne de leur pays. Il y a quelques années je me disais la même chose quant aux joueurs portugais et dernièrement on les voit chanter l'hymne, y compris Déco qui est brésilien et a eu la nationalité portugaise il n'y a pas longtemps et, surtout Scolari qui le chante comme s'il était portugais.

L'hymne est un signe de notre identité (à mon avis), mais c'est vrai qu'ils sont pour la plupart "démodés".

La Portugaise, par exemple, a été écrite lors de l'Ultimatum anglais au Portugal en 1890 et il y a des phrases désuètes dans notre hymne. Il y a eu il y a quelques années une proposition de l'assemblée de la république de changer notre hymne, ou les paroles, pour cette raison, mais bien que je ne sache pas vraiment ce qui s'est passé après, cela n'est pas arrivé et heureusement.

Dans La Portugaise, par exemple, on a des phrases du style: "Héros de la mer..." On n'en est plus et depuis longtemps! "Aux armes..." quando on prône surtout la paix de nos jours; "marcher contre les canons" - on ne marche plus, on a les voitures maintenant et on n'utilise plus de canons dans une guerre.

Alors pourquoi chanter un hymne qui n'a plus de sens? Je pense que c'est parce que c'est une part de notre identité et on peut ajuster quelques phrases et les mettre dans le contexte actuel, du genre "aux armes" voudrait par exemple dire (dans le cas d'un match de foot) "allons nous battre pour gagner", ou "marcher contre les canons" pareil.

Je ne suis pas patriotiste du tout mais j'ai quand même une identité culturelle et je trouve que c'est très beau que la population soit unie et fière de ses joueurs de foot; c'est la folie ici au Portugal. On a des drapeaux aux fenêtres, aux voitures. Et on s'unit également pour chanter notre Portugaise avec la main sur la poitrine. Et c'est drôle que la part qu'on entend le mieux c'est "Aux armes! Aux armes!" Je me demande quand même pourquoi...

A Thierry: ne vous étonez pas! Le foot n'est plus simplement un sport pour les hommes; les femmes y prennent aussi part et ça de plus en plus... Ici au Portugal c'est surtout vrai pour les match de la sélection nationale. On s'habille même avec les couleurs de notre drapeau.

J'ai beaucoup aimé voir notre Première Dame précédente habillé comme ça lors de la finale de l'Euro2004.

Dommage que je ne trouve pas une photo pour vous montrer!
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Bruno Magne
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La Marseillaise Jul 13, 2006

Salut, Claudia

Je souscris entièrement au commentaire d'Isabelle. Je n'y ajouterais qu'un commentaire tiré de mon expérience personnelle. Sauf grossière erreur de ma part, j'ai appris notre hymne national sur le tas. Je ne me rappelle pas avoir assisté à un cours (d'instruction civique ou autre) dans lequel on nous aurait enseigné et la musique et les paroles. De plus, j'appartiens à la génération qui chante plutôt faux.
Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi le
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Salut, Claudia

Je souscris entièrement au commentaire d'Isabelle. Je n'y ajouterais qu'un commentaire tiré de mon expérience personnelle. Sauf grossière erreur de ma part, j'ai appris notre hymne national sur le tas. Je ne me rappelle pas avoir assisté à un cours (d'instruction civique ou autre) dans lequel on nous aurait enseigné et la musique et les paroles. De plus, j'appartiens à la génération qui chante plutôt faux.
Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi les athlètes français (tous sports confondus, pas uniquement au foot) ne chantent pas leur hymne national. Mais je crois ne pas exagérer quand je dis que c'est le cas d'une grande majorité de la population française. Quand j'étais plus jeune, j'entendais souvent dire que seul De Gaulle connaissait l'hymne et pouvait le chanter dans sa totalité.

Aujourd'hui, on en connaît la première strophe et le refrain. Après, c'est la-la-la-la.

Quand à son caractère guerrier, c'est tout simplement que quand il a été écrit, la France était attaquée par la coalition des autres monarchies qui ne voulaient rien entendre de la révolution. C'est pourquoi je pense personnellement que le sang « impur » est celui des ennemis de la France, pas celui des soldats français.

Autre opinion personnelle: j'ai une préférence personnelle pour l'hymne uruguayen. À l'époque de la dictature militaire, il fallait entendre jusqu'à 70 000 personnes chanter à pleins poumons: « tremblez, dictateurs» .

Bon pont pour les chanceux

Bruno

N.B.: pour en revenir à ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire Zidane, pour moi l'incident est clos. Il s'est expliqué. Même inadmissible en termes sportifs, sa réaction est compréhensible. Au final, par presse interposée, les Français campent sur leur position, les Italiens aussi. Ça fera couler beaucoup d'encre, bien entendu et l'on parlera de coup monté, de revanche jusqu'à la fin des temps.
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Emmanuelle Riffault
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C'est bien cela le problème Jul 13, 2006

Bruno Magne wrote:

N.B.: pour en revenir à ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire Zidane, pour moi l'incident est clos. Il s'est expliqué. Même inadmissible en termes sportifs, sa réaction est compréhensible. Au final, par presse interposée, les Français campent sur leur position, les Italiens aussi. Ça fera couler beaucoup d'encre, bien entendu et l'on parlera de coup monté, de revanche jusqu'à la fin des temps.


Ça gâche la fête, le plaisir, c'est un gros nuage dans notre ciel bleu estival.
Mais, bon, on va pas en faire une affaire d'état, non plus. Le monde a d'autres problèmes à résoudre...

Quant à la Marseillaise, il me semble l'avoir apprise en primaire, du moins la 1ère § et le refrain, la suite...

Emmanuelle

[Edited at 2006-07-13 17:07]


 
Geneviève von Levetzow
Geneviève von Levetzow  Identity Verified
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La Marseillaise Jul 13, 2006

Bonsoir,

Je crois l'avoir apprise un peu plus tard (en entier) que 'nos ancêtres les Gaulois' - j'étais très impressionnée par ces tresses d'un blond roux;)

Geneviève


 
Linguasphere
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"C'est le côté obscur que cache notre nature ..." Jul 13, 2006

Oui, Zidane a fait une connerie et il s'en est excusé, après tout cela le touchait personnellement et on n'a pas à juger, chacun ressent les choses à sa façon.

C'est effectivement dommage car on se dira toujours "ET si ..." mais bon c'est la vie, on a perdu.

Il faudrait quand même que le joueur italien soit sanctionné pour que ce soit juste.

Ce qui m'a choqué, c'est ce qu'il a dit sur les propos du vice-président italien, vraiment racistes ceux-là
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Oui, Zidane a fait une connerie et il s'en est excusé, après tout cela le touchait personnellement et on n'a pas à juger, chacun ressent les choses à sa façon.

C'est effectivement dommage car on se dira toujours "ET si ..." mais bon c'est la vie, on a perdu.

Il faudrait quand même que le joueur italien soit sanctionné pour que ce soit juste.

Ce qui m'a choqué, c'est ce qu'il a dit sur les propos du vice-président italien, vraiment racistes ceux-là.

Pour la Marseillaise, chacun fait ce qui veut quand même, ils ont le droit de chanter ou de ne pas chanter, ce n'est pas une obligation après tout.
Chacun est libre de vivre les choses à sa manière et d'ailleurs, personnellement, je trouve que musicalement il n'est pas très beau cet hymne et je ne me vois vraiment pas en train de le chanter (surtout que je n'en connais pas les paroles) comme hymne de ralliement lors d'un match.
Le mieux c'est comme l'hymne des Brésiliens (je crois que c'est le leur), il n'y a pas de paroles donc pas de polémique comme ça !

Et puis qui sait, si un jour vraiment l'Europe s'unit il n'y aura + de chamailleries France - Italie puisque la coupe sera européenne !
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Bruno Magne
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L'hymne brésilen est en fait un poème Jul 14, 2006

mis en musique. Mais il est tellement ampoulé (typiquement portugais, du point de vue littéraire) que c'est comme la Marseillaire : l'immense majorité de la population ne le connaît pas)

Bonne journée et profitez bien du pont et de la « canicule »

Ici, au Brésil, la canicule, ça commence à 40º à l'ombre....


 
Isabelle DEFEVERE (X)
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Hymne espagnol Jul 14, 2006

virgynet wrote: Le mieux c'est comme l'hymne des Brésiliens (je crois que c'est le leur), il n'y a pas de paroles donc pas de polémique comme ça !


C'est l'hymne national espagnol qui n'a pas de paroles, c'est une marche militaire.

Je me souviens d'avoir étudié l'hymne français à l'école, mais je ne sais plus dans quelle classe.

En fait, plus que des paroles, c'est un symbole. L'hymne français me fait toujours un petit quelque chose, que les paroles soient sanguinaires, peu m'importe, il faut dire que ce chant a été écrit par un militaire à la veille d'une guerre contre les Prussiens, on comprend que les fleurs et autres douceurs n'étaient pas d'actualité en ce moment (comme jamais dans l'Histoire d'ailleurs). Quand j'entends l'hymne français, je suis émue, impossible à expliquer.



[Edited at 2006-07-14 13:55]


 
Isabelle DEFEVERE (X)
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« tremblez, dictateurs» Jul 14, 2006

Bruno Magne wrote:Autre opinion personnelle: j'ai une préférence personnelle pour l'hymne uruguayen. À l'époque de la dictature militaire, il fallait entendre jusqu'à 70 000 personnes chanter à pleins poumons: « tremblez, dictateurs».


J'adore !!!



 
Linguasphere
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Mea culpa Jul 14, 2006

[quote]Isabelle DEFEVERE wrote:


C'est l'hymne national espagnol qui n'a pas de paroles, c'est une marche militaire.


Oui, pardon, je me souvenais que c'était une équipe que l'équipe de France avait affrontée mais je ne me souvenais + laquelle.

"La musique militaire est à la musique ce que la justice militaire est à la justice."

J'ai inversé la citation pour les besoins du texte.

Enfin c'est très guerrier tout ça, après il ne faut pas s'étonner qu'ils s'empoignent sur le terrain !

[Edited at 2006-07-14 14:41]


 
Michel A.
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J'aurais pas dit mieux (cf. les couplets entre **********) - Post artistique... pas politique Jul 15, 2006

Où c'est qu'j'ai mis mon flingue? (Renaud)

J'veux qu'mes chansons soient des caresses,
Ou bien des poings dans la gueule.
A qui qu'ce soit que je m'agresse,
J'veux vous remuer dans vos fauteuils.

Alors écoutez moi un peu,
Les pousse-mégots et les nez-d'boeux,
Les ringards, les folkeux, les journaleux.

D'puis qu'y'a mon nom dans vos journaux,
Qu'on voit ma tronche à la télé,
Où j'vends ma soupe empoisonnée,... See more
Où c'est qu'j'ai mis mon flingue? (Renaud)

J'veux qu'mes chansons soient des caresses,
Ou bien des poings dans la gueule.
A qui qu'ce soit que je m'agresse,
J'veux vous remuer dans vos fauteuils.

Alors écoutez moi un peu,
Les pousse-mégots et les nez-d'boeux,
Les ringards, les folkeux, les journaleux.

D'puis qu'y'a mon nom dans vos journaux,
Qu'on voit ma tronche à la télé,
Où j'vends ma soupe empoisonnée,
Vous m'avez un peu trop gonflé.

J'suis pas chanteur pour mes copains,
Et j'peux être teigneux comme un chien.

J'déclare pas, avec Aragon,
Qu'le poète a toujours raison.
La femme est l'avenir des cons,
Et l'homme n'est l'avenir de rien.

Moi, mon av'nir est sur le zinc
D'un bistrot des plus cradingues,
Mais bordel! où c'est qu'j'ai mis mon flingue ?

J'vais pas m'laisser emboucaner
Par les fachos, pas les gauchos,
Tous ces pauvr' mecs endoctrinés
Qui foutent ma révolte au tombeau.

Tous ceux qui m'traitent de démago
Dans leur torchons qu'j'lirai jamais :
« Renaud c'est mort, il est récupéré »

Tous ces p'tits-bourgeois incurables
Qui parlent pas, qu'écrivent pas, qui bavent,
Qui vivront vieux leur vie d'minables,
Ont tous dans la bouche un cadavre.

T't'façon, j'chante pas pour ces blaireaux,
Et j'ai pas dit mon dernier mot.

C'est sûr'ment pas un disque d'or,
Ou un Olympia pour moi tout seul,
Qui me feront virer de bord,
Qui me feront fermer ma gueule.

Tant qu'y'aura d'la haine dans mes s'ringues,
Je ne chant'rai que pour les dingues,
Mais bordel ! Où c'est qu'j'ai mis mon flingue ?

Y'a pas qu'les mômes, dans la rue,
Qui m'collent au cul pour une photo,
Y'a même des flics qui me saluent,
Qui veulent que j'signe dans leurs calots.

Moi j'crache dedans, et j'cris bien haut
Qu'le bleu marine me fait gerber,
Qu'j'aime pas l'travail, la justice et l'armée.

C'est pas d'main qu'on m'verra marcher
Avec les connards qui vont aux urnes,
Choisir c'lui qui les f'ra crever.
Moi, ces jours-là, j'reste dans ma turne.

Rien à foutre de la lutte de crasse,
Tous les systèmes sont dégueulasses !

********************
J'peux pas encaisser les drapeaux,
Quoiqu'le noir soit le plus beau.
La marseillaise, même en reggae,
Ça m'a toujours fait dégueuler.

Les marches militaires, ça m'déglingue
Et votr' République, moi j'la tringle,
Mais bordel ! Où c'est qu'j'ai mis mon flingue ?
*********************

D'puis qu'on m'a tiré mon canif,
Un soir au métro Saint-Michel,
J'fous plus les pieds dans une manif
Sans un nunchak' ou un cocktail

A Longwy comme à Saint-Lazare,
Plus de slogans face aux flicards,
Mais des fusils, des pavés, des grenades !

Gueuler contre la répression
En défilant « Bastille-Nation »
Quand mes frangins crèvent en prison
Ça donne une bonne conscience aux cons,

Aux nez-d'boeux et aux pousse-mégots
Qui foutent ma révolte au tombeau.

Si un jour j'me r'trouve la gueule par terre,
Sûr qu'ça s'ra d'la faute à Baader.
Si j'crève le nez dans le ruisseau,
Sûr qu'ça s'ra d'la faute à Bonnot.

Pour l'instant, ma gueule est sur le zinc
D'un bistrot des plus cradingues,
MAIS FAITES GAFFE ! J'AI MIS LA MAIN SUR MON FLINGUE !
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Michel A.
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Serge Quadruppani traducteur littéraire de l'italien vers le français - traduction et football Jul 15, 2006

L’angoisse du traducteur devant une page d’Andrea Camilleri

L’œuvre littéraire d’Andrea Camilleri connaît dans son pays un succès tel, par son ampleur et sa durée, qu’on lui trouverait difficilement un équivalent dans le demi-siècle qui vient de s’écouler en Italie. Une bonne part de cette réussite tient à son usage si particulier de la langue. D’une manière générale, elle trouve son fondement dans le très riche idiome constitué au fil des siècles par l
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L’angoisse du traducteur devant une page d’Andrea Camilleri

L’œuvre littéraire d’Andrea Camilleri connaît dans son pays un succès tel, par son ampleur et sa durée, qu’on lui trouverait difficilement un équivalent dans le demi-siècle qui vient de s’écouler en Italie. Une bonne part de cette réussite tient à son usage si particulier de la langue. D’une manière générale, elle trouve son fondement dans le très riche idiome constitué au fil des siècles par les Siciliens cultivés, au point de contact entre le dialecte populaire de l’île, la langue des autres régions d’Italie (et plus tard l’italien officiel, celui d’un Etat central tardif et lointain - langue inodore et américanisée dont la télévision assure aujourd’hui l’hégémonie officielle), et les langues des peuples qui, depuis deux millénaires, ont tour à tour débarqué en Sicile, se sont emparés d’elle avant qu’elle ne s’empare d’eux. Rendre la saveur de cette langue est une entreprise délicate. Il faut d’abord faire percevoir les trois niveaux sur lesquels elle joue, chacun d’eux posant des problèmes spécifiques. Le premier niveau est celui de l’italien “ officiel ”, qui ne présente pas de difficulté particulière pour le traducteur : on le transpose dans un français le plus souvent situé, comme l’italien de l’auteur, dans un registre familier. Le troisième niveau est celui du dialecte pur : dans ces passages, toujours dialogués, soit le dialecte est suffisamment près de l’italien pour se passer de traduction, soit Camilleri en fournit une à la suite. A ce niveau-là, j’ai simplement traduit le dialecte en français en prenant la liberté de signaler dans le texte que le dialogue a lieu en sicilien (et en reproduisant parfois, pour la saveur, les phrases en dialecte, à côté du français). La difficulté principale se présente au niveau intermédiaire, celui de l’italien sicilianisé, qui est à la fois celui du narrateur et de bon nombre de personnages (même Ingrid, la Suédoise de la série des Montalbano, a appris l’italien en Sicile et emploie les tournures locales). Il est truffé de termes qui ne sont pas du pur dialecte, mais plutôt des régionalismes (pour citer deux exemples très fréquents, taliare pour guardare, regarder, spiare pour chiedere, demander). Ces mots, Camilleri n’en fournit pas la traduction, car il les a placés de telle manière qu’on en saisisse le sens grâce au contexte (et aussi, souvent, grâce à la sonorité proche d’un mot connu). Voilà pourquoi les Italiens de bonne volonté (l’immense majorité, mais on en trouve encore qui prétendent ne rien comprendre à la langue “ camillerienne ”) n’ont pas besoin de glossaire, goûtent l’étrangeté de la langue et la comprennent pourtant. Pour ne pas se donner le ridicule de remplacer purement et simplement l’italo-sicilien par un parler régional français (un Montalbano émaillant ses phrases de mots flamands, bretons ou lyonnais aurait-il encore quelque chose de sicilien ?), il a fallu renoncer à chercher terme à terme des équivalents à la totalité des régionalismes. Car il ne suffit certes pas d’être excellent italianiste, même estampillé par l’université, pour faire une bonne traduction : dans cette activité, une part de création littéraire est indispensable, et cela ne s’apprend pas à la fac. Mais d’un autre côté, le traducteur doit impérativement éviter de disputer son rôle à l’auteur : il était donc hors de question d’inventer une langue artificielle, même si celle de Camilleri l’est dans une certaine mesure (il ne s’agit pas d’une pure transcription, mais d’une re-création personnelle à partir du parler de la région d’Agrigente). J’ai donc placé en certains endroits, comme des bornes rappelant à quels niveaux on se trouve, des termes du français du midi. D’abord, parce que le français occitanisé s’est assez répandu, par diverses voies culturelles, pour que jusqu’à Calais, on comprenne ce qu’est un “ minot ”. Ensuite, ces régionalismes apportent en français un parfum de Sud, peut-être mieux venu pour parler de la Sicile que les sonorités de la Croix Rousse. Un œil objectif constatera toutefois que je me suis abstenu d’insister, et, par exemple, de trop tirer Montalbano vers le provençalisme pagnolesque. A côté de la série du fameux commissaire de Vigàta, on sait que Camilleri écrit dans une autre veine qui le rapproche de l’œuvre d’un Sciascia : partant d’un fait divers du XIXe siècle exhumé des archives, il reconstruit la tragi-comédie d’une société où la permanence des modes de vie et de domination s’affirme contre les modèles importés du Nord. Dans L’Opéra de Vigàta (Il birraio di Preston), le livre que beaucoup, dont l’auteur et moi-même, considèrent comme son chef d’œuvre, les modèles nordiques sont représentés par des personnages comme le préfet florentin, le questeur milanais, le révolutionnaire romain, dont Camilleri restitue la langue propre. A chaque fois, il a fallu trouver des solutions différentes. Comme on le sait, le parler florentin constitue la base de l’italien officiel : le préfet de Camilleri se distingue donc, non par son vocabulaire, mais par un accent tel que le perçoivent des oreilles siciliennes (équivalent de l’ “ accent pointu ” des Parisiens aux oreilles provençales), marqué par l’élision des “ c ” durs : j’ai fait de même en français, j’espère que vous ‘omprenez. Le Milanais, lui, parle dans le dialecte de sa région : comme ce dernier est fortement influencé par le français, on a fait sentir la langue du questeur en reproduisant tels quels les mots au sens le plus transparent (va te faire fottet). Quant au Romain, je me suis d’abord efforcé de faire sentir combien le romanesco, même pour les Siciliens qui ne reculent pas devant la verdeur, est souvent très vulgaire. J’ai aussi transposé en français quelques-unes de ses élisions de voyelle (ceci est ‘ne explication) et la traduction de l’article italien “ il ” (le) en er (er traducteur est un peu longuet). C’est le même type de solutions que j’ai adoptées ensuite pour Le coup du cavalier (La mossa del cavallo), d’autant plus difficile à traduire que c’est le choc entre la langue sicilienne et la langue génoise, qui incarne la rencontre de deux systèmes de pensées, deux modes de vivre. En comparaison, La disparition de Juda (La scomparsa di Patò), avec sa juxtaposition de lettres et documents divers où alternent jargon bureaucratique et gendarmesque, parler macaronique d’anonymes illettrés ou amphigourique d’un politicien trop lettré, tout cela apparaît d’une remarquable facilité. On retiendra en tout cas La Mossa del cavallo comme la parfait illustration romanesque de ce qui est à la base du travail de traducteur, et qu’aucun logiciel, dans un avenir prévisible ne saurait remplacer : la traduction n’est pas la mise en rapport de deux vocabulaires, mais le passage d’un univers mental à un autre. Un exemple ? Spiare, le mot sicilien utilisé pour chiedere, “ demander ”, contient le terme “ spia ” (“ espion, indicateur ”) : on saisit tout de suite qu’il est particulièrement adapté à une société où celui qui pose trop de questions passe vite pour un indic... Cependant la sicilianité de Camilleri ne s’exprime pas seulement par le vocabulaire, elle passe aussi à travers une syntaxe. Ce qui est ici beaucoup plus facile à rendre. Siciliano sono, “ Sicilien je suis ” : on trouvera beaucoup dans le cours du texte camillerien, adaptée au corset du français, cette tournure de la langue parlée, et dont le traducteur s’arrange de façon qu’à la fin le verbe se retrouve. De même ai-je conservé l’emploi du passé simple, là où l’italien (et le français) recourrait au présent ou au passé composé : Chi successi ? “ Que se passa-t-il ? ” demande l’homme de la rue vigataise (au lieu de “ que se passe-t-il ?). Point de pittoresque superficiel là-dedans. Ce passé simple qui, ailleurs, appartient à la langue écrite trahit une emphase lyrique présente dans le moindre échange langagier du peuple de Sicile. En tous les cas, mon travail de traduction est orienté par le souci de faire partager au lecteur français le plaisir qu’éprouve son semblable italien à la lecture de Camilleri. Outre le sens du récit et du dialogue, outre le regard profondément humain sur les misères psychologiques et sociales, ce plaisir tient sûrement au sentiment d’étrange familiarité qu’arrive à communiquer l’auteur. Familiarité d’une langue et d’une société qui nous restent très proches, étrangeté radicale de tournures et d’une culture forgées par une nature si particulière et une histoire si singulière. Ce qui donne, pour finir, la saveur inimitable, aux papilles comme à l’oreille, d’une Sicile immuable et parfaitement moderne.

**********
**********


Lettre ouverte à Zinédine Zidane
Cher ZZ,

Quelques minutes seulement après ce coup de boule que vous avez fait entrer dans l'histoire planétaire, nous avons vu et entendu le président de la République française vous absoudre implicitement en direct pour ce geste, nous l'avons entendu le lendemain, depuis l'Elysée, vous renouveler, solennellement et avec insistance, son soutien et celui de la nation toute entière, nous avons entendu toutes sortes de VIP médiatiques déployer des trésors de compréhension, au nom de l'idée que le joueur italien vous avait manqué de respect.

A ce spectacle, on ne peut s'empêcher de penser aux milliers de jeunes nés comme vous dans les « cités », qui sont passés par la prison ou qui y croupissent encore aujourd'hui pour s'être rebellés contre des représentants de l'ordre qui les provoquaient, les insultaient avec la même assurance hypocrite qu'un joueur de calcio certain que ses mots ne seront pas enregistrés, on songe à tous ces jeunes accusés d' « outrage et rébellion », à tous ceux qui ont brûlé des voitures ou ont été accusés de l'avoir fait parce qu'ils avaient senti que c'était la société toute entière, à travers ses représentants en uniforme, qui leur manquait de respect. Et vous n'avez, cher Zizou, sûrement pas oublié que le mépris et l'humiliation qui sont infligés quotidiennement à vos petits frères des quartiers comme à leurs parents, va bien plus loin que le fait de « traiter » leur mère et leur soeur, jusqu'à ces insultes permanentes que constituent la discrimination, la relégation spatiale, l'apartheid social.

On se persuade donc facilement, cher Zizou, que vous n'allez pas manquer de demander à votre supporter de l'Elysée qu'il manifeste, à l'occasion du 14 juillet ou dans les jours qui suivront, la même compréhension que celle dont vous avez bénéficié. Nous sommes nombreux à attendre de vous que vous vous fassiez le porte parole d'un mouvement en faveur d'une amnistie générale pour les émeutiers de novembre, et pas seulement eux. Très certainement convaincu que tous sont victimes du même système, convaincu aussi de la nocivité de la coupure entre diverses catégories de rebelles, vous n'allez pas manquer d'exiger l¹extension de cette amnistie aux lycéens poursuivis pour leurs actions contre la loi Fillon et à tous les condamnés et poursuivis du mouvement anti-CPE. Ce sera de votre part un geste civique d'une toute autre ampleur que d'inutiles excuses aux éducateurs et aux jeunes qui sont confrontés quotidiennement comme vous l'avez été fugitivement, à la difficulté de manifester sa révolte autrement que par des transgressions. Et qui, de leur geste de révolte, pourraient dire comme vous : "je ne le regrette pas".

Serge Quadruppani, tifoso de la communauté humaine
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Frédérique Bath M'Wom
Frédérique Bath M'Wom
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Bravo à vous Jul 15, 2006

@ Michel Lévy
Bravo pour vos citations... et pour le lien dans votre profil.


 
Michel A.
Michel A.  Identity Verified
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+ ...
Merci :-) Jul 15, 2006

Fredbath wrote:

@ Michel Lévy
Bravo pour vos citations... et pour le lien dans votre profil.


 
Ivana de Sousa Santos
Ivana de Sousa Santos  Identity Verified
Portugal
Local time: 06:56
French to Portuguese
+ ...
Connaisez-vous la chanson de l'été 2006? Jul 15, 2006

On m'a envoyé ceci hier... Donc, je partage!

http://www.leblogtvnews.com/article-3264616.html


 
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