Ce monsieur s'appelle Arion et il écrit sur un blog collectif, je me disais que cela vous ferait rire aussi, on dit que les français sont si déprimés ... Ça commence le plus souvent en novembre ou en mars par une attaque virale de type HGA (Hautaine gouvernementale attitude) : « Putain, t’as vu comment y nous parle ! » Y, c’est le ministre de l’Éducation ou de l’Intérieur ou le Premier ministre voire le Président, tous ces bouffons qui croient pouvo... See more Ce monsieur s'appelle Arion et il écrit sur un blog collectif, je me disais que cela vous ferait rire aussi, on dit que les français sont si déprimés ... Ça commence le plus souvent en novembre ou en mars par une attaque virale de type HGA (Hautaine gouvernementale attitude) : « Putain, t’as vu comment y nous parle ! » Y, c’est le ministre de l’Éducation ou de l’Intérieur ou le Premier ministre voire le Président, tous ces bouffons qui croient pouvoir décider quelque chose. Ça continue, sur tel boulevard entre deux places, par une superbe parade du peuple bafoué. Cinquante mille personnes selon le Grand méchant loup, cent cinquante mille selon les Trois petits cochons. Le cortège ne manque jamais d’être « bon enfant malgré l’ ampleur du malaise », et « responsable en dépit de la provocation policière ». Un peu morne quand même. Vivement l’adrénaline et la testostérone dans la baston de fin de manif, avec les flics qui chargent, les boulons qui volent, les vitrines qui pètent dans la fumée mêlée des bombes lacrymogènes et des bagnoles qui flambent ! C ‘est globalement ce qu’on appelle un « mouvement social » à la française, jeu de rôles annuel ou bisannuel qui prouve à nos voisins qu’un vieux peuple peut rester très jeune. Pour les policiers, la règle est simple : tirer sans toucher, molester sans blesser, interpeller sans discriminer, interroger sans insulter : en baver sans bavure. On nous présente parfois les nouveautés de l’arsenal répressif, un peu comme les jouets « tendance » avant les Fêtes. Pour le combat à distance, avec les problèmes de sécheresse et les risques de bronchite, le lance-flotte n’a plus la cote. Plus récent, le flash-ball me rappelle la carabine à bille et air comprimé dont ma Tata usait au temps des cerises contre le merle moqueur. Tout nouveau en France : le paint-ball, qui, au lieu du plastique contondant, projette le rouge de l’infamie sur la vêture du casseur ; et, comme le gaz lacrymogène évidemment lui tire des larmes à côté de l’abribus qu’il vient de fracasser, les poètes le croient mûr pour le repentir, les psychologues parlent de « crise identitaire ». Quoi qu’il en soit, ne jamais désespérer de la jeunesse. Et c’est là, dans le grand air de la réconciliation joviale, que le timbre féminin fait merveille : "Pourquoi n’essaie-t-on pas le protox ? me dit Michèle. Tu sais ? le protoxyde d’azote, le gaz hilarant, qui réussit si bien en chirurgie. J’ai lu qu’il égayait déjà les foires au XIXe siècle : pourquoi pas le bazar au XXIe ?" Je vois la scène. Octobre-novembre2009. Le gouvernement a décidé de terrasser le dragon de la dette. Maladresses de communication, soupçon d’arrogance. Le bruit s’impose que les fonctionnaires vont encore trinquer. Grèves à répétition, paralysie. Le Premier ministre parle de commission parlementaire ; les chefs de centrales veulent maintenir la pression. 11 novembre 14 h. Aucun armistice sur le « front social », cortège monstre de Bastille à Nation - « On va ga-gner ! On va ga-gner ! ». 17 h.30 Début de concert rock improvisé place de la Concorde. 19 h.10 Farandole autour de la Chambre des députés - « Les urnes au cul, le peuple est dans la rue !» Cordon de CRS impassibles. 19 h.30 Descente massive des banlieues par le haut des Champs-Elysées, mise à feu d’un car du « Paris by night », assaut d’un Mégastore. Mais où donc est la police ? 2O h. Le JT s’ouvre sur une image sidérante. Les deux jeunesses se font face, la chic et la choc, à trente mètres de distance au niveau du Rond Point : deux troupes compactes qu’on devine bardées de battes, barres, bouteilles, cutters, couteaux, chaînes et ce qu’il faut de rage pour s’en servir. 20 h.08 Incroyable image. Un quart de seconde avant la ruée, un CRS, surgi de nulle part, s’interpose soudain, sans bouclier, tout seul, un pistolet dans chaque main, et fait feu des deux côtés. Effroi général. Mais moi je sais que ce brave, sur ordre du Préfet de police et à titre expérimental, vient de tirer deux cartouches de protoxyde d’azote enrichi ; que dans dix secondes ils vont tous se poiler, se fendre, se bidonner, se rouler par terre ; que les forces de l’ordre, planquées dans le Grand Palais, sortiront voir, voudront s’en prendre une aussi pour être dans l’ambiance, et la nuit finira en rave autour de l’obélisque. « Crazy frog’s entertainment », titre le Daily Mail à la une ; et Der Spiegel : « Grosser Französischen fou rire ». L’onde de choc désormais planétaire, s’échappant par le trou de la couche d’ozone, atteint les Demeures célestes : -Seigneur, dit saint Pierre, voilà que la Terre se marre. -Ah bon ! répond Dieu. Il n’y a pourtant pas de quoi…Ils ont pris quelque chose ? Du protox, Seigneur. Je crois bien que c’est parti de France. - Alors c’est du bon, Pierrot. Descends vite en chercher.
[Edited at 2006-05-16 15:37] ▲ Collapse | |