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French to Spanish: Courrier Sud - Antoine de Saint-Exupéry General field: Art/Literary Detailed field: Poetry & Literature
Source text - French La terre, de là-haut, paraissait nue et morte ; l’avion descend : elle s’habille. Les bois de nouveau la capitonnent, les vallées, les coteaux impriment en elle une houle : elle respire. Une montagne qu’il survole, poitrine de géant couché, se gonfle presque jusqu’à lui.
Maintenant proche, comme le torrent sous un pont, le cours des choses s’accélère. C’est la débâcle de ce monde uni. Arbres, maisons, villages se séparent d’un horizon lisse, sont emportés derrière lui à la dérive.
Le terrain d’Alicante monte, bascule, se place, les roues le frôlent, s’en rapprochent comme d’un laminoir, s’y aiguisent…
Bernis descend de la carlingue, les jambes lourdes. Une seconde, il ferme les yeux, la tête pleine encore du bruit de son moteur et d’images vives, les membres encore comme chargés par les vibrations de l’appareil. Puis il entre dans le bureau où il s’assied avec lenteur, repousse du coude l’encrier, quelques livres, et tire à lui le carnet de route du 612.
Toulouse-Alicante : 5 h. 15 de vol.
Il s’interrompt, se laisse dominer par la fatigue et par le rêve. Il lui parvient un bruit confus. Une commère crie quelque part. Le chauffeur de la Ford ouvre la porte, s’excuse, sourit. Bernis considère gravement ces murs, cette porte et ce chauffeur grandeur nature. Il est mêlé pour dix minutes à une discussion qu’il ne comprend pas, à des gestes que l’on achève, que l’on commence. Cette vision est irréelle. Un arbre planté devant la porte dure pourtant depuis trente ans. Depuis trente ans repère l’image.
Moteur : Rien à signaler.
Avion : Penche à droite.
Il dépose le porte-plume, pense simplement : « J’ai sommeil », et le rêve qui serre ses tempes s’impose encore. Une lumière couleur d’ambre sur un paysage si clair. Des champs bien ratissés et des prairies. Un village posé à droite, à gauche un troupeau minuscule et, l’enfermant, la voûte d’un ciel bleu. « Une maison », pense Bernis. Il se souvient d’avoir ressenti avec une évidence soudaine que ce paysage, ce ciel, cette terre étaient bâtis à la manière d’une demeure. Demeure familière, bien en ordre. Chaque chose si verticale. Nulle menace, nulle fissure dans cette vision unie : il était comme à l’intérieur du paysage.
Ainsi les vieilles dames se sentent éternelles à la fenêtre de leur salon. La pelouse est fraiche, le jardinier lent arrose les fleurs. Elles suivent des yeux son dos rassurant. Une odeur d’encaustique monte du parquet luisant et les ravit. L’ordre dans la maison est doux : le jour a passé traînant son vent et son soleil et ses averses pour user à peine quelques roses.
Translation - Spanish La tierra, desde ahí arriba, parecía desnuda y muerta; el avión desciende: ella se viste. Una vez más los bosques la mullen, los valles, los cerros, imprimen en ella un oleaje: ella respira. Sobrevuela una montaña, pecho de gigante yacente, se infla casi hasta él.
Ahora de cerca, como el torrente bajo un puente, el curso de las cosas se acelera. Es la debacle de este mundo unido. Árboles, casas, pueblos, se separan de un terso horizonte, llevados tras él a la deriva.
El terreno de Alicante asciende, bascula, se sitúa, las ruedas lo rozan, se aproximan como un laminador, se afilan…
Bernis desciende de la carlinga, las piernas pesadas. Por un segundo, cierra los ojos, la cabeza aún llena de ruido del motor y de imágenes vivas, los miembros todavía como cargados por las vibraciones del aparato. Luego entra en el despacho, donde se sienta lentamente, aparta el tintero con el codo, algunos libros, y arrastra hacia sí el diario de a bordo del 612.
Toulouse-Alicante: 5 h 15 min de vuelo.
Se queda paralizado, dejándose dominar por el cansancio y el sueño. Le aborda un ruido confuso. Una charlatana grita en alguna parte. El chófer de la Ford abre la puerta, se disculpa, sonríe. Bernis considera solemnes esos muros, esa puerta y ese chófer a tamaño real. Se ve involucrado durante diez minutos en una discusión que no entiende, con gestos que la finalizan, que la inician. Esta visión es irreal. Sin embargo, un árbol lleva treinta años plantado ante la puerta. Desde hace treinta años observa su imagen.
Motor: Sin novedad.
Avión: Inclinación a la derecha.
Deposita el portaplumas, piensa simplemente: « Tengo sueño », y el sueño que oprime sus sienes se impone aún. Una luz de color ámbar sobre un paisaje tan claro. Campos bien rastrillados y prados. Un pueblo situado a la derecha, a la izquierda un minúsculo rebaño y, envolviéndolo, la bóveda de un cielo azul. « Una casa », piensa Bernis. Recuerda haber sentido con súbita evidencia que este paisaje, este cielo, esta tierra, estaban construidos a la manera de una morada. Morada familiar, bien ordenada. Cada cosa tan vertical. Ninguna amenaza, sin fisuras en esta visión conjunta: él estaba como en el interior del paisaje.
Así las mujeres ancianas se sienten eternas junto a la ventana de su salón. La hierba fresca, el jardinero riega lentamente las flores. Siguen con la mirada su confortador respaldo. Un olor a cera sube desde el reluciente parqué y las embelesa. El orden de la casa es agradable: el día ha transcurrido moviendo su viento y su sol y sus aguaceros para desgastar apenas algunas rosas.
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Translation education
Master's degree - Traducción Profesional (Universidad de Granada)
Experience
Years of experience: 7. Registered at ProZ.com: Mar 2017.
Master's degree in Translation, University of Granada (Spain) and bachelor's degree in Hispanic Philology, University of Pau and Pays de l'Adour (France), I'm passionate about translation and I see it as a vehicle for translating culture and ideas between different languages.
I have gained broad education in this area and my professional experience has revolved around audiovisual, journalistic and literary translation, the last one being my true vocation.