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Sample translations submitted: 1
French to English: Trois jours chez ma mère, François Weyergans (Extract of Translation Submitted as Part of BA Dissertation) General field: Art/Literary Detailed field: Poetry & Literature
Source text - French « Tu fais peur à tout le monde », m’a dit Delphine hier soir, en guise de point final à un dialogue qui risquait de s’envenimer. Ma conduite la pousse parfois à des déclarations de ce genre, de vraies sentences condamnatoires. Dans le passé, même récent, j’ai eu droit à pire de la part de celle que j’appelle « ma petite Delphine » bien qu’elle mesure un mètre soixante-dix-huit. Nous vivons ensemble depuis plus de trente ans. Delphine est la femme que j’imagine à côté de moi, penchée sur mon lit, si je dois mourir un jour à l’hôpital plutôt que dans un accident d’avion – et dans un accident d’avion, sans doute sera-t-elle aussi à côté de moi. Hier soir, j’ai eu droit à un verdict moins sévère que la mort, certes, mais un verdict qui n’a rien d’un acquittement : moi, François Weyergraf, ayant réalisé cinq films et publié dix romans, je fais peur a tout le monde.
Une telle phrase, je l’aurais noté dans mon agenda à l’époque où je prenais encore la peine d’acheter des agendas et de m’en servir, mais je ne prends plus de rendez-vous et je ne note plus rien. Pourquoi noter cette phrase ? Elle n’est pas de celles qu’on oublie facilement.
Delphine n’a pas dit que je lui faisais peur à elle, mais que je faisais peur à tout le monde. D’où sort ce « tout le monde » ? S’agit-il de nos deux filles, deux femmes adultes, capables de voir que leur père est dans le pétrin ? Sûrement. Et sans doute aussi de ma mère et de mes sœurs. Delphine, pourtant, voit peu ma famille, tout comme moi, qui me sens coupable de ne pas voir suffisamment ma mère. Je me dis chaque jour que je devrais descendre lui rendre visite dans cette maison des Alpes-de-Haute-Provence ou elle vit seule, mais je ne m’y décide jamais. Dans la séquence du cimetière de Huit et demi, quand le metteur en scène interprété par Mastroianni voit son père lui apparaitre, il constate tristement qu’ils se sont bien peu parlé : « Papa, chi siamo parlati così poco ! » Il se pourrait bien qu’un jour je regrette à mon tour non pas d’avoir trop peu parlé à ma mère puisque je lui téléphone presque chaque soir, mais de l’avoir trop peu vue, surtout depuis quelques années. Ma chère mère octogénaire est plus radicale que moi. Au téléphone, elle a résumé la situation : « Finalement, je ne t’aurai pas beaucoup vu dans ma vie. »
C’était une phrase bien envoyée ! Je ne sais pas si elle s’en est rendue compte mais, comme je me taisais, elle a enfoncé son clou : « C’est vrai ! Tu es parti très tôt de la maison, tu avais quoi, dix-sept, dix-huit ans ? – Dix-neuf, Maman ! – Eh bien, c’est très tôt quand on voit à quel âge les jeunes sont encore chez leurs parents aujourd’hui. » Jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix, elle venait à Paris plusieurs fois par an et logeait quelques jours chez moi et quelques jours chez ma sœur Madeleine. C’est elle qui venait me voir, en quelque sorte. Aujourd’hui, elle ne se déplace presque plus. Pour venir à Paris, il faudrait qu’elle ait besoin de consulter un spécialiste, et encore, elle en trouve d’excellents à Marseille. Même Marseille, à moins de cent kilomètres de chez elle, lui paraît loin.
Quelques-uns de nos amis ont également dû faire part de leur inquiétude à Delphine. Je parie qu’elle a reçu des coups de téléphone pendant que je dormais (je me réveille en général au milieu de l’après-midi, parfois plus tard) : « Que devient François ? Il ne donne plus de ses nouvelles. La dernière fois qu’on l’a vu, il n’avait pas l’air en forme. On est inquiets. » Quand elle m’a appris que je faisais peur à tout le monde, la voix de Delphine est devenue grave comme le piano dans La Tempête de Beethoven ou comme le basson dans La Tempesta di mare de Vivaldi, bref il y avait de la tempête dans l’air et c’était loin d’être une tempête dans un verre d’eau. Notre vie en commun n’a rien à voir avec un verre d’eau. Elle relève parfois de l’ouragan. Des vents opposés créent des tourbillons, lui ai-je répondu, ajoutant que le cap des Tempêtes est plus connu sous le nom de cap de Bonne-Espérance et que ces rapports entre espérance et tempête sont moins dans la norme que le sempiternel conflit entre la haine et l’amour. J’ai parlé de la tempestas qui, en latin, signalait à la fois le beau et le mauvais temps. J’essayais de m’en tirer comme je pouvais, mais Delphine avait vu juste. Non seulement je fais peur à tout le monde, je me fais peur à moi-même.
J’aurais dû le reconnaître au lieu d’insister en parlant du ténor qui convoque les vents dans La Tempête de Purcell. Je me souviens mal de cette Tempête, une musique de scène pour la pièce de Shakespeare. Je connais mieux la pièce. Quand je la lis, je me prends pour Prospero, le vieux magicien qui comme moi préfère sa bibliothèque à tout le reste. Depuis combien de temps n’ai-je pas écouté de musique de Purcell ? Nos deux filles ont grandi en écoutant du Purcell, entre autres, au petit déjeuner, chanté par Klaus Nomi ou Alfred Deller. Tous les 33-tours de leur enfance sont encore là, rangés sur des étagères, et de temps en temps elles demandent à les réécouter. Elles me disent : « Tu écoutes moins de musique qu’avant. » Elles ont l’air de trouver que c’est mauvais signe.
J’ai touché de l’argent pour écrire des livres dont je n’ai rédigé que les débuts. Je ne publie plus. Je n’en ai plus envie. « Mon Dieu ! L’étrange embarras qu’un livre à mettre au jour », a écrit Molière. Dans un livre sur Racine, j’ai appris qu’on lui reprochait d’être grassement payé pour écrire l’histoire de Louis XIV et de n’en avoir pas écrit une ligne. J’ai coché le passage. En fait, Racine travaillait beaucoup. Moi aussi. Pourquoi entraîner Delphine, et pourquoi se laisse-t-elle entraîner, dans cette vie de cinglés qu’est en train de devenir la nôtre. Elle l’a très bien formulé l’autre jour :
– On mène une vie de fous, ou plutôt nous sommes des fous qui vivent.
Et encore, elle ne sait pas tout. Je lui cache le courrier qui n’arrive qu’à mon nom. Depuis trois mois, je n’ose pas quitter l’appartement de crainte que des huissiers débarquent en mon absence et que ce soit elle qui leur ouvre la porte. Elle tomberait des nues.
Si je vivais seul, j’aurais le droit d’être un incorrigible imprévoyant, ce que je n’ai pourtant pas l’impression d’être. Quel genre de père suis-je pour Zoé et Woglinde ? Quand je lis et souligne les choses terribles qu’affirment les psychanalystes sur le rôle de père, je suis d’accord avec eux en pensant au mien, même quand ils vont jusqu’à suggérer que le seul père un peu réel est le spermatozoïde, mais je me dis : « Pourvu que mes filles ne tombent jamais là-dessus ! », et je cache ces livres. Chère Zoé, dont le prénom est un mot grec, la vie, Zoépoiétiki, créatrice ! Et toi, Woglinde, qui porte le nom d’une fille du Rhin, gardienne de l’or… Quand vous étiez petites, vous me demandiez souvent de vous raconter d’où venaient vos prénoms.
Translation - English “You make everyone feel tense”, Hannah told me last night, to conclude a conversation which was at risk of turning sour. My behaviour occasionally makes her hand out such sentences. In the past, and especially of late, I have been on the receiving end of worse from the woman I call “my little Hannah”, even though she is five foot ten. We have lived together for more than thirty years now, and Hannah is the woman who I picture by my side, leant over my bed, if one day I am to die in hospital instead of, say, a plane crash. Still, in a plane crash, she would without doubt be at my side too. I, George Zimmermann, director of five films and author of ten novels, make everyone feel tense. Last night, I was handed a sentence less severe than death, for sure, but one which nonetheless had no sense of absolution.
I would have written down such a phrase at a time where I would often go to the trouble of buying diaries and then putting them to good use, but these days I have no meetings and I make no notes of any kind. Why take down this phrase, then? It is one that is not easily forgotten.
Hannah had not said that I made her feel tense, but that I made everyone feel tense. What did she mean, “everyone”? Was she talking about our two daughters, two young women who could see clearly that their father was in a rut? Most likely. Without doubt she was also talking about Mother and my two sisters. Much like me, Hannah very rarely sees my family, and I feel guilty for not visiting Mother more. Every day, I tell myself I should go down to her Dorset home where she lives alone, but I have never managed it. Like in the cemetery scene in 8½, when father of the director, played by Mastroianni, turns up, he remarks sadly that they have spoken very little: “Papa, chi siamo parlati così poco!”. It is likely that, one day, I too will regret having seen too little of her, especially over the course of so many years. Not that we hardly speak, as I call her almost every evening. My dear old mother is more extreme than I am. Over the phone, she summed up the situation, “in the end, I won’t have seen you very much in my life.”
I am unsure if she realised but, as my voice failed me, she really stuck the boot in. “It’s true! You left home very young, you must’ve been, what? Seventeen? Eighteen?” “Nineteen, Mum!” “Ah well, that’s still young when you look at how long young people stay at home these days.” Up until the late nineties, she would come to London several times a year, and would spend a few days at mine, and a few days at my sister Sophie’s. She was visiting me, in a way. Nowadays, she barely travels. For her to come to London, she would have to urgently need to see a doctor. Even still, there are plenty of excellent specialists in Brighton. Although, even Brighton, at less than a hundred miles away, seems too far to her.
Some of our friends have also let Hannah know of their concern. I bet she hears about it over the phone whilst I sleep – I usually wake up in the middle of the afternoon, sometimes later. “What’s become of George? We no longer hear from him. He didn’t seem well the last time we saw him. We’re worried.” When she informed me that I make everybody feel tense, Hannah’s voice became serious like piano in Beethoven’s The Tempest or the bassoon in Vivaldi’s La tempesta di mari. Anyway, there was a storm brewing, and by no means a storm in a teacup. Our life together has nothing to do with teacups. Sometimes, it’s a hurricane. Colliding winds create whirlwinds, I told her, adding that the Cape of Storms is better known as the Cape of Good Hope and that the relationship between hope and storms is less usual that the perpetual conflict between love and hate. I spoke about the tempestas which, in Latin, were a sign of both good and bad weather. I tried as best I could to get out of it, but Hannah had it right. Not only did I make everyone feel tense, I made myself tense too.
I would have done better to recognise this rather than ramble on about the tenor who summons the winds in Purcell’s The Tempest. I am not too familiar with this Tempest, the piece written for the play by Shakespeare. I am more familiar with the play. When I read it, I see myself as Prospero, the old magician who, like me, prefers his library above all else. How long has it been since I last listened to Purcell? Our two daughters grew up listening to Purcell, among others, during breakfast, sung by Klaus Nomi or Alfred Deller. We still have all the records from their childhood, stacked on shelves. From time to time they ask to listen to them again. “You listen to music less than before,” they tell me. They seem to find that troubling.
I have made some money for writing books for which I have only written the start. I no longer publish. I do not want to. It was Moliere who wrote, “My Lord, the strange perplexity of sending a book to print”? And I remember reading that it was Racine who was reproached for making a fortune for writing the history of Louis XIV without having written a single line. I crossed out that passage. In fact, Racine worked a lot. As do I. But why do I drag Hannah down into this farcical life that ours is becoming? Why did she let me? She put it perfectly the other day: “We live a foolish life. Or rather, we are fools who are living.” And still, she does not know the half of it. I hide from her the post which arrives solely in my name. For three months, I have not dared leave the apartment for fear that Hannah will open the door to the taxman showing up in my absence. She would be dumbfounded.
If I lived alone, I would be able to be incorrigibly reckless, though this is not who I believe I am. What kind of a father am I for Zoe and Woglinde? When I read and reread the frightening things written by psychoanalysts about the role of the father, I agree with them when I come to think about my own, and even when they go so far as to write that the only remotely real father is the sperm, although I do tell myself, “let’s hope that my girls come across that!” I hide those books. Dearest Zoe, whose name comes from the Greek, Zoepoietiki, the creator! And you, Woglinde, who bears the name of a Rhinemaiden, the guardian of gold…When you were younger, you would often ask me to tell you the stories about where you got your names from.
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Translation education
Master's degree - University of Bath
Experience
Years of experience: 4. Registered at ProZ.com: Jun 2020.
French to English (University of Bristol) French to English (University of Bath.)
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N/A
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Adobe Acrobat, MemSource Cloud, Microsoft Excel, Microsoft Office Pro, Microsoft Word
Bio
Freelance audiovisual and literary translator with 3 years of experience. Completed an MA in Interpreting & Translation (University of Bath). English native speaker, offering subtitling, translation, transcription and interpretation into English from French and Spanish.